« Les artistes, il faut qu’ils y croient. Toujours. »

MagSacem n°108

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Entretien avec... Nicola Sirkis, auteur-compositeur-interprète, membre d'Indochine

Le grand concert test d’Indochine à l’Accor Arena à Paris a eu lieu il y a six mois. Racontez-nous.

 Entretien avec... Nicola Sirkis, auteur-compositeur-interprète, membre d'Indochine - MagSacem n°108
 

Ce sont des médecins de l’Inserm qui en ont eu l’idée. On nous a sollicités parce qu’Indochine est un groupe qui fédère plusieurs générations et dont les tournées sont parmi celles qui rencontrent le plus de public en France. Mais on s’est retrouvé entre des médecins qui n’avaient jamais organisé de concerts et qui souhaitaient un protocole strict et le Prodiss, le syndicat national des producteurs et diffuseurs, qui craignait la faillite de la profession si le concert se passait mal sur le plan sanitaire. Or, même dans ces circonstances, il faut respecter le public et les artistes. Il a fallu se battre sur tout... et finalement, le concert
a eu lieu et cela a été très émouvant, un goût de liberté dont nous avait privés le Covid depuis mars 2020... Nous ne remercierons jamais assez notre public qui a joué le jeu du protocole sanitaire. Les résultats ont été extrêmement bons : sur les cinq mille spectateurs, debout et sans distanciation physique, seuls trois ont été positifs. Indochine a refusé de toucher un cachet pour ce concert et nous avons même dû mettre 40 000 euros de notre poche pour proposer un concert comme il se doit. Rien n’était vraiment prévu, malheureusement. Nous avons aussi décidé d’inviter les deux mille cinq cents personnes du groupe de contrôle qui ont dû suivre le concert à distance (et qui ont dû faire les mêmes démarches, mais sans assister au concert, conditions sine qua non pour que l’expérience réussisse) à notre concert du stade de France, le 21 mai 2022. Et, là aussi, nous n’avons reçu aucune aide financière... ni aucun remerciement des organisateurs de ce concert test ! C’est comme ça...

On imagine un groupe comme Indochine au-dessus des difficultés liées à la crise. Est-ce le cas ?

Effectivement, nous avons eu énormément de chance, car nous n’avions pas de tournée prévue. Mais, pour 2021, nous devions lancer le Central Tour, la tournée de stades anniversaire des 40 ans du groupe, dont le premier aurait dû débuter le 25 mai 2021 au stade Matmut de Bordeaux. On y a cru jusqu’au dernier moment. Mais on a dû reporter d’un an. Nous sommes confrontés maintenant à la hausse des prix du matériel, des transports, à la pénurie de main-d’œuvre et de techniciens dues aux répercussions du Covid et aux concerts reprogrammés. Plus de quatre cent mille personnes nous y attendent depuis si longtemps et par ailleurs seulement 0,8 % ont souhaité se faire rembourser leur place de 2020.
Cela est plus qu’un espoir pour toute notre profession : que le public soit toujours présent et souhaite se rendre aux stades, aux arénas, dans les Smac, les théâtres et autres salles de spectacles... Ensuite, notre principal problème est le marché noir, qui est toujours présent, malheureusement : je me bats pour des places à des tarifs raisonnables. Il faut veiller à rouvrir petit à petit des quotas de places à vendre pour éviter la revente à des prix prohibitifs. Nos places dans les stades sont les moins chères, tous concerts confondus. Notre prix moyen est pratiquement à 50 % de moins que certains artistes français... CQFD.

La reprise est difficile, pour les artistes émergents. Avez-vous un message à leur faire passer ?

Il y a eu des artistes qui ont eu l’herbe coupée sous le pied avec cette crise : tous ceux qui étaient en début de carrière, qui avaient un disque à sortir, tous ceux qui ont été contraints d’annuler des tournées. C’est horrible. Mais ça va redémarrer. Même s’il y a une nouvelle inquiétude avec cette cinquième vague, les gens ont envie d’aller au concert. Il ne faut rien lâcher. Les artistes, il faut qu’ils y croient. Toujours. C’est la base. D’ailleurs, je vois de plus en plus d’artistes émergents annoncer des dates et même avoir des spots sur des festivals. Ce sont des signes encourageants de reprise.

 


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Publié le 07 janvier 2022