Figure centrale mais discrète de la scène musicale française, Olivier Caillart s’est éteint le 6 juin, à 63 ans. Ancien directeur général du label Barclay, il aura façonné l’identité sonore de toute une époque en révélant des artistes aussi différents que -M-, Philippe Katerine ou Booba.

Certaines coïncidences sont plus malheureuses que d’autres : le label Barclay, fondé fin 1954 par Eddy Barclay, fête ses 70 ans d’existence en 2025. Sur le gâteau d’anniversaire, une bougie vient de s’éteindre : celle d’Olivier Caillart, à qui la maison de disques et ses artistes doivent une fière chandelle.
C’était l’un des premiers à écouter les disques pas encore pressés d’Alain Bashung, Bernard Lavilliers ou encore Vanessa Paradis, et sa carrière est indissociable du label dont il avait pris la co-direction en 1995, puis la direction générale au moment où Barclay rejoignait le groupe Universal à la fin des années 90.
Olivier Caillart eut le même flair que son mythique prédécesseur et permit à Barclay de faire autant rayonner des artistes confirmés (Khaled, Stephan Eicher) que de révéler de jeunes talents comme Jeanne Cherhal, Alister ou le Gotan Project, sans oublier quelques belles « prises » comme Carla Bruni, transfuge de chez Naïve, avec son disque Little French Songs en 2013.
Le talent d’Olivier Caillart ? Avoir su concilier la clairvoyance d’un directeur artistique (son premier métier chez Barclay) avec celle d’un gestionnaire éclairé, en permettant ainsi au label, fort d’un passé prestigieux (Léo Ferré, Dalida, Juliette Gréco), de se renouveler en captant l’air du temps. Un gimmick : savoir tirer dans toutes les directions, sans barrières.
On lui doit notamment l’éclosion de grands noms féminins (Émilie Simon, Lou Doillon, Cœur de Pirate), une partie du retour du rock français (Deportivo, Saez, La Femme) et le premier album de Booba signé sur une major (Panthéon, 2004). Une diversité telle que sa curiosité aurait pu suffire à remplir les deux faces d’un disque mélangeant le punk et le piano-voix, la variété et la poésie, le rap et la pop fédératrice.
Après ses années Barclay, conclues en 2013, Olivier Caillart prendra la direction de Naïve, puis s’associera à Wagram pour cofonder Panenka Music et Glory Box Music, contribuant ainsi au succès d’une nouvelle scène allant de Thérapie Taxi à Georgio. Mort à un âge déraisonnable, 63 ans, il laisse derrière lui une conception noble de la musique : celle d’un dialogue plus qu’un produit.
Aujourd’hui, tous saluent son humanité : Florent Marchet rappelle qu’il fut « un instinctif, un voyageur mystérieux et crépusculaire », tandis que Carla Bruni souligne son « énergie vibrante, sa sensibilité immense, son charme et son humour ravageur ».
Coincée entre les microsillons, son ombre continuera encore longtemps de tourner sur les platines.
« Avec Olivier Caillart, chaque artiste trouvait une oreille attentive, un allié. Il croyait au talent avant qu’il ne devienne succès. La Sacem salue un professionnel engagé et un amoureux sincère de la musique, dans toute sa diversité.» Patrick Sigwalt, président du Conseil d'administration de la Sacem.
Publié le 17 juin 2025