MARIE-JOSÉE NEUVILLE, LA « COLLÉGIENNE » DE LA CHANSON

Juillet 2023

Autrice, compositrice et chanteuse au talent très précoce, connue dans les années 50 pour ses chansons Johnny Boy et Le Monsieur du métro, Marie-Josée Neuville s’est éteinte le 1er juillet 2023 à l’âge de 85 ans.

Née le 10 janvier 1938 à Paris, Marie-Josée Neuville, Josée Deneuvielle de son vrai nom, chante dès ses douze ans en s’accompagnant à la guitare. Elle se met vite à composer ses propres chansons. À dix-sept ans, en 1955, elle se présente à un concours amateur dont elle remporte le premier prix avec sa chanson Johnny Boy, face à 800 concurrents. En fin d’année, elle enregistre ce titre chez Pathé-Marconi dont le contrat stipule qu’elle devra porter des nattes jusqu’à ses vingt ans. C’est ainsi qu’à tout juste dix-huit ans, elle gagne le surnom de « Collégienne de la chanson », faisant souffler un vent de jeunesse et d’innocence sur le paysage musical des années 50 avec des titres tels que Gentil camarade et Une guitare, une vie. Pourtant, son look sage tranche avec certains textes osés qu’elle écrit pour ses supers 45 tours suivants, comme Le Monsieur du métro ou Par derrière et par devant.

Après avoir remporté un nouveau concours, elle se produit sur la scène de l’Olympia de Paris en mars 1956 le temps de quatre morceaux qui suffisent à créer le scandale, dont Le Monsieur du métro, qui dénonce avant l’heure le harcèlement dont peuvent être victimes les jeunes femmes dans l’espace public. Dans la chanson, non seulement le coupable a le droit d’importuner sa victime mais celle-ci fait montre de culpabilité. Les paroles font scandale car le personnage ose faire mine de se révolter : elle sera censurée et interdite de diffusion à la radio à sa sortie en vinyle. Marie-Josée Neuville apparait de nouveau sur scène, à l’Olympia, en première partie de Charles Aznavour et des Platters.

En 1958, quand elle décide de rompre avec son image adolescente, sa tenue plus féminine ne convainc plus son public. En parallèle de tournées qu’elle mène à l’étranger au début des années 60, elle entame une carrière à la radio et la télévision. Elle se prête à la comédie et enchaine en particulier les rôles dans des feuilletons, joue dans le film La grande crevasse (1967) et dans le téléfilm La voie Jackson (1981) réalisés par son mari Gérard Herzog. Par la suite, elle animera des émissions sur Europe 1, RTL et France Inter.

Un album de chansons enregistrées en 1980 ne sort qu’en 1988 tandis qu’une intégrale de son œuvre regroupant la période 1956-1962 paraît en 2011.

Marie-Josée Neuville avait été admise à la Sacem en tant qu'autrice le 9 mai 1956, et en tant que compositrice le 25 février 1960. Elle avait été promue sociétaire professionnelle en 1960.

 

« Quel enfant de la fin des années 50 ne s'est pas endormi en s'imaginant Johnny Boy ? Marie-Josée Neuville, avec ses nattes si sages et sa voix si naturelle a ouvert de vastes espaces de rêve à une jeunesse dont son grand confrère à guitare, Jacques Brel, pensait qu'on lui avait "volé le Far-West". »
Claude Lemesle, auteur, Président d’honneur de la Sacem.

Publié le 02 août 2023